Une reconversion et … un marathon plus tard

Une reconversion et … un marathon plus tard

42,195 ; ce n’est pas la température record qu’il a fait cet été en France ni le record du monde de saut en longueur, c’est la distance en kilomètres que j’ai parcourue lors du marathon de Paris en avril dernier.

Pourquoi parler de marathon et de reconversion ? Y’a-t-il vraiment un rapport ? Même si à première vue il ne semble pas être évident, à y regarder de plus près, je vous confirme qu’il y en a bien un.

Il y a presque un an j’ai décidé de me reconvertir, de trouver ma voie afin de m’épanouir. Entamer ce chemin est un travail de longue haleine, je dirai que c’est surtout un voyage pour apprendre à mieux se connaître. Alors, pourquoi ce départ vers l’inconnu, comme j’aime bien l’appeler, m’a amené à courir les 42.195 km de mon premier marathon ? La réponse est assez simple. Ayant du mal à mettre des mots sur ce que je voulais faire de ma vie, j’ai décidé de me fixer un objectif atteignable (a priori puisque d’autres l’ont fait) car j’étais certaine que ça allait m’aider dans cette période un peu floue qui m’invitait à sortir de ma zone de confort. Après tout, quoi de mieux qu’un marathon, non ? Bel exercice en cette année de challenges ! A noter : je ne me suis pas levée un matin en me disant « oh tiens, et si je courais un marathon ? », j’ai quand même un passif de coureuse.

Mi-décembre, j’ai mis plus de dix minutes à valider l’inscription, mon cerveau me répétant en boucle « tu es sûre que tu veux t’infliger ça ? ». Allaient démarrer 3 mois de pur bonheur ; mais pas que ; qui m’ont beaucoup appris.

Début janvier, débutait la fameuse « prépa marathon ». 3 mois avec un seul objectif en tête : franchir la ligne d’arrivée. Je ne me suis pas mise de contrainte de temps volontairement, l’objectif de le terminer me semblait être un bel objectif à lui seul. C’était donc parti ! 4 fois par semaine pendant trois mois, je vous l’accorde, je n’y ai dérogé qu’une seule fois à cause d’un bon 39° qui m’a clouée au lit.

Je n’avais pas pensé en m’inscrivant que cette prépa se ferait en plein hiver (pour la marseillaise que je suis = dans le grand nord polaire). Nous avons eu tous les temps : neige, pluie, grêle, vent et froid. J’ai remarqué que lorsque le temps n’était pas tendre, ceux qui étaient sur la piste (notamment le soir où il a abondamment neigé) étaient ceux qui préparaient le marathon. Outre ma grande résistance au froid, j’ai découvert une assiduité dont je ne connaissais pas l’existence. L’objectif marathon était tellement ancré en moi que rien ne pouvait m’arrêter. Après tout, en me préparant à courir avec des conditions climatiques défavorables, je serai capable de courir le marathon peu importe la météo même si la neige en avril est peu probable. Je me suis aussi surprise à ne pas manger de pains au chocolat et à faire vraiment très attention à mon alimentation pendant 3 mois quitte à être parfois incomprise. Au fur et à mesure des séances, j’ai aussi fait face à une fatigue corporelle inconnue jusqu’alors que j’ai dû gérer et écouter ce qui m’a permis de mieux connaître mon corps.

J- 2 semaines, j’ai commencé à réaliser que j’allais bientôt courir 42 kilomètres. Je me suis donc mise à méditer plus régulièrement et j’ai découvert que ça me plaisait !

J-2 avant le marathon, la grande question, comment m’habiller le jour du marathon ? Après 48 heures de débat avec mes collègues coureurs, le short / t-shirt m’ont semblé être la meilleure des options (que je n’ai pas regrettée).

Jour J, dans le bus qui m’emmène au départ, le stress se fait sentir. Dans le sas de départ, je réalise que je vais courir plus de 40 kilomètres. Plus le temps de faire course arrière, après tout, c’est bien pour cela que je me suis entraînée non ? Alors, 3…2…1 partez !

Le premier semi se passe bien, l’ambiance est sympa, un monde fou est venu nous supporter. Au 26ème km, ça tire un peu ; au 30ème, ma montre déclare forfait ; au 35ème je commence à avoir mal aux jambes ; au 38ème, j’ai vraiment très très mal aux jambes (d’ailleurs sur les photos, ça se voit !), je découvre des muscles inconnus jusqu’alors et j’ai pléthore d’ampoules au pied ; au 40ème les lignes droites semblent interminables. Avec une amie de course, on s’encourage mutuellement « Allez, plus que 6 km, c’est bientôt fini, c’est quoi 6 km, rien non ?… Plus que 4… ». On s’avouera par la suite avoir volontairement caché notre douleur pour pouvoir terminer. Je m’aperçois alors que je viens de trouver ce que j’étais venue chercher : mon mental. Ce moment où, même si mes jambes me supplient d’arrêter, mon mental prend le dessus et ne fléchit pas. C’est grâce à lui que je franchis la ligne d’arrivée. Pendant le dernier kilomètre, j’ai l’impression d’être une star, encouragée par mes proches et des centaines inconnus, mes douleurs s’envolent comme par magie et je réussis même une petite accélération. La ligne franchie, je ne réalise pas tout de suite. Je suis marathonienne, rien que ça !

Pourquoi avoir raconté cette histoire ? Parce que je pense que finalement, la reconversion c’est un peu comme un marathon. Faire partie de la communauté des finishers est certes une satisfaction personnelle mais ce que j’ai le plus aimé c’est l’apprentissage qu’il y a derrière ce chemin riche en émotions. Outre la découverte de soi et de ses limites, c’est une invitation à sortir de sa zone de confort et à réaliser des choses jamais faites auparavant.

Cette course et sa préparation ont été le reflet de ce que je pouvais vivre pendant ma reconversion. Qu’importe le temps qu’il faisait, j’allais courir. Qu’importe ce qu’il se passe autour de moi, je poursuis ma quête pour trouver ma voie. Peu importe si je ne suis pas comprise dans cette démarche, si j’ai une expérience décevante, si je suis critiquée, j’avance vers mon objectif. Il m’a par exemple été dit qu’il fallait être fou pour courir un marathon tout comme n’a pas été comprise ma décision de reconversion. J’ai parfois été déçue de mes performances lors d’une séance d’entrainement tout comme je l’ai été lors de ma première expérience d’animation d’atelier. Le fait que je « torture » mon corps dixit certains en préparant cette course et la critique qui m’a été faite lors de la publication de mon premier article peuvent être comparables. J’aurais pu choisir de ne pas aller à certaines séances lorsque la fatigue se faisait sentir, qu’il pleuvait des cordes et que je savais que je rentrerai congelée ou que j’en avais parfois assez de courir car vous dire que cela n’est jamais arrivé serait vous mentir. J’ai choisi de me donner toutes les chances pour y arriver quitte parfois à me faire un peu violence, après tout le k-way c’est une belle invention, non ? J’ai appris à écouter mon corps et à adapter les séances selon mon ressenti et j’ai aussi dit à ma flemme que je n’avais pas besoin d’elle.

Je pense aussi que le fait que ce soit le premier marathon a généré un stress différent dans la mesure où je n’avais jamais poussé mon corps à courir autant et que je ne savais donc pas comment il allait réagir. Il fallait affronter l’inconnu tout comme je suis en train de le faire en changeant de voie. Le marathon était donc un bel entraînement pour ma reconversion.

Avoir couru ce marathon dans la période de flou et d’incertitude qu’est celle de la reconversion m’a donné une grande énergie pour aller au bout de mon projet. Cette expérience m’a montré que je suis capable de déployer une grande force pour avancer vers ce qui est important pour moi et le réaliser. J’avais besoin du marathon pour me montrer que je sais être assidue, avoir une discipline, gérer l’inconfort et que mon moral est aussi solide que l’acier. J’avais déjà tout cela en moi avant de faire le marathon mais je l’avais oublié.

Je ne dis pas qu’il faut faire un marathon pour réussir sa reconversion. Je pense que se fixer un objectif stimulant en parallèle peut grandement aider à traverser cet incroyable parcours.

Aujourd’hui, comme pour courir ces 42,195km; j’avance pas à pas dans ma reconversion comme je le fais en publiant cet article. La réussite de mon marathon est profondément ancrée en moi et m’accompagne de jour en jour et est là pour me rassurer les moments où je doute, « je suis marathonienne, alors ce n’est pas une reconversion qui va m’arrêter ! ».

Après tout, un voyage de mille lieues n’a-t-il pas commencé par un pas ? Et vous, quel sera le vôtre ?

Alors, à vos marques, prêt, partez !

Article écrit le 10 septembre 2019.

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